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La première édition se voulait mobilisatrice. La deuxième, didactique, autour des « Trésors vivants d’Europe et du Japon ». La troisième édition d’Homo Faber, biennale de l’artisanat d’art organisée par la Fondation Michelangelo, avec le soutien du groupe Richemont (Cartier, Montblanc…), réunit jusqu’au 30 septembre à Venise (Italie) des créations fabuleuses du monde entier : des robes moulantes en maille du couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa (1935-2017) aux masques vénitiens de Sergio Boldrin, des verres en cristal de la collection « Patrician », conçue en 1917 par l’architecte Josef Hoffmann (1870-1956) pour l’entreprise autrichienne Lobmeyr à une chaise monolithique taillée, avec le moins d’interventions possible, dans une souche d’arbre par le Californien Ido Yoshimoto.
Au total, plus de 800 objets et 400 artisans, sélectionnés dans soixante-dix pays, sont réunis dans un parcours sur le thème du « Voyage de la vie », en dix étapes, de la naissance à la mort, confié au cinéaste Luca Guadagnino (Call Me By Your Name, Challengers…), assisté de l’architecte Nicolo Rosmarini. Le voyage a lieu sur l’île de San Giorgio Maggiore, dans un ancien monastère bénédictin du Xe siècle aujourd’hui occupé par la Fondation Giorgio Cini, qui accueille l’événement depuis 2018.
Ici, un serpentin géant rose guimauve – la plus grande œuvre d’art jamais fabriquée en impression 3D – se faufile entre les colonnes du cloître des Cyprès, tandis que soixante panneaux brodés, accrochés aux murs, évoquent le jeu de l’oie né en Italie à la Renaissance, métaphore des aléas de l’existence. Ces broderies de plumes, de paillettes, de fils d’or ou de soie ont été réalisées par vingt ateliers, du Mexique au Rwanda jusqu’en Inde, sur commande de la Fondation Michelangelo, qui entame sa collection de pièces artisanales.
Tour infernale en verre de Murano par Alessandro Mandruzzato ou chien constitué de centaines de feuilles de métal du Japonais Taiichiro Yoshida, pantins de bois, manège de papier… la salle consacrée à l’enfance, dans des décors imaginés par l’architecte nord-irlandais Nigel Peake, se savoure comme une madeleine de Proust. S’ensuit, grandiose, la salle dite « Célébration », qui convie le visiteur dans l’ancien réfectoire du couvent avec, sous la copie du tableau des Noces de Cana, de Véronèse − l’original de 1563 est exposé au Louvre −, une table-miroir de plus de 20 mètres de longueur, richement dressée.
A un bout, un centre de table en artichauts d’argent du joaillier italien Buccellati – clin d’œil au légume-fleur violet poussant sur l’île voisine de Sant’ Erasmo. A l’autre, une pièce montée monumentale, « ode au citron » sculptée dans le papier par la Française Aline Houdé-Diebolt. Entre les deux, le service à thé en argent comme gondolé par le vent des Irlandais Séamus Gill & Claire Mooney côtoie les fausses tartelettes en verre de la Britannique Sarah Brown et les tout aussi réalistes œufs cassés en céramique des Italiens Bertozzi & Casoni, tandis que les bols en porcelaine de la Belge Anima Roos ont des pieds tellement étroits qu’ils défient la gravité.
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